NOTES
Le nom de Jean-Paul Grandjean de Fouchy n'est sans doute pas appelé ici par son oeuvre scientifique d'astronome, mince, mais par son statut symbolique. Né en 1707, mort en 1788, et secrétaire perpétuel de l'Académie des Sciences de 1744 à 1776, il est le modèle du savant des Lumières, mais point pour autant de la lumière dont il sera question. Son histoire personnelle, que Hugo la connaisse par Chaudon qu'on va citer ou autrement, le montre tel à un second titre. « Unissant à la culture des sciences celle de la poésie et des arts, il faisoit avec agrément des vers de société et jouoit de plusieurs instrumens. Tous les dimanches, il se plaisoit à toucher l'orgue dans quelque église. Un accident singulier précéda sa mort. Saisi d'un étourdissement, Fouchy fit une chûte, et le lendemain, ayant repris sa connoissance entière; jouissant de toute sa tête, il s'apperçut que si les organes de la voix qui avoient été embarrassés pendant quelque temps, étoient devenus presque libres, ils avoient cessé d'obéir à sa volonté; que lorsqu'il vouloit énoncer un mot, sa bouche en prononçoit un autre, en sorte que dans le moment où il avoit des idées nettes, ses paroles étoient sans suite. Lui-même rendit compte de cet accident dans les mémoires de l'académie; il y détailla tous les symptômes, toutes les particularités de ce phénomène avec une simplicité, un calme, une indifférence même, dignes des héros du stoïcisme antique; et on voit par ces détails, qu'au milieu même de ces symptômes si effrayans qui le menaçoient pour le reste de sa vie d'une existence pénible et humiliante, il étoit plus occupé d'observer ses maux que de s'en affliger. »